Bonjour Térence,
Merci pour votre message qui met en lumière une vraie limite du marché actuel : malgré l’intérêt croissant des épargnants pour des placements responsables, l’offre d’ETF durables reste aujourd’hui très limitée. Malgré une apparente abondance de produits dits “durables”, très peu répondent réellement aux exigences d’un investissement aligné avec les objectifs climatiques.
C’est un constat que nous partageons chez Goodvest, et sur lequel nous avons d’ailleurs mené une étude : Les ETF peuvent-ils financer la transition écologique ? Notre analyse a révélé que seule une minorité d’ETF “durables” tiennent véritablement la promesse d’un alignement avec l’Accord de Paris. Par exemple, nous avons constaté que seulement 5% des fonds PAB (“Paris-Aligned Benchmark”) analysés suivaient une trajectoire de réchauffement climatique inférieure à 2°C selon notre méthodologie.
Dans ce contexte, les cadres réglementaires actuels comme le règlement SFDR (avec ses fameuses classifications Article 8 et 9) ou les labels comme Towards Sustainability apportent une première forme de tri utile pour l’épargnant. Toutefois, on l’observe, ils ne garantissent pas à eux seuls un véritable alignement environnemental ou social. Par exemple, un ETF labellisé ISR peut en pratique continuer à financer des entreprises impliquées dans les énergies fossiles ou ayant un impact négatif significatif sur la biodiversité.
À cela s’ajoute une autre limite propre à certains ETF : leur mode de réplication. La réplication synthétique (par le biais de produits dérivés) soulève des questions de transparence et de cohérence avec des objectifs durables. Concrètement, les ETF à réplication synthétique n’investissent pas directement dans les titres de l’indice, mais répliquent la performance de cet indice à travers des swaps de performance. À l’inverse, la réplication physique, plus simple à analyser du point de vue ESG, reste préférable dans une logique de transparence sans constituer pour autant une garantie tangible.
C’est pourquoi chez Goodvest nous allons au-delà des cadres existants. Notre sélection de supports d’investissement repose en effet sur des critères stricts, parmi lesquels :
- Exclusions sectorielles et normatives des secteurs et pratiques controversés : énergies fossiles, tabac, armement, entreprises violant le Pacte Mondial des Nations Unies, etc.
- Analyse de l’empreinte carbone et de la température d’alignement : nous analysons l’empreinte carbone de l’ensemble des entreprises sous-jacentes des fonds, afin de constituer des portefeuilles alignés avec une trajectoire de réchauffement climatique inférieure à 2°C.
- Prise en compte de l’empreinte biodiversité, critère encore peu intégré sur le marché mais crucial pour évaluer la durabilité réelle des fonds.
- Vérification des politiques d’engagement et de gouvernance des sociétés de gestion.
Nous avons identifié quelques ETF répondant à ces critères d’exigence, que nous intégrons dans nos portefeuilles d’Assurance-Vie et Plan d’Épargne Retraite. Comme vous l’avez justement noté, les ETF restent des outils intéressants, tant sur le plan de la diversification (géographique et sectorielle) qu’en raison de leur faible coût et facilité d’accès.
Néanmoins, leur caractère passif limite leur impact réel sur le financement de la transition écologique. Ils reproduisent un indice, sans réelle capacité d’exclusion dynamique ou de dialogue actionnarial ciblé. C’est pourquoi nous investissons également dans des fonds à gestion active, qui permettent d’apporter de la conviction au sein de nos portefeuilles, avec un choix plus ciblé des entreprises financées et une capacité d’engagement plus forte (via les votes en assemblée générale, les dialogues avec les entreprises, les exclusions renforcées, etc.).
Nous restons bien évidemment à votre disposition si vous avez la moindre question !
Maya de l’équipe Goodvest